Magribouillette

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Ca s'est passé le 3 décembre ...

Elle s'appelle Nicole Mercier. Elle a 28 ans. Elle est professeur de philo dans un des 3 lycées que compte cette petite ville de l'Est de la France (60 000 habitants et un froid de canard en hiver), le lycée de jeunes filles. Les deux autres lycées portent les noms de lycée de garçons et lycée techique. Facile pour s'en souvenir, non ?

 

Nicole Mercier, professeur de philo, interpelle ses élèves, évoquant des parallèles entre son cours et des sujets d'actualité. Rapidement, elle est incitée à sortir du "programme" par ses élèves qui chopent les perches tendues. De quoi parle t elle avec ses élèves de terminale ? d'apprendre à faire l'amour comme le précise un trac distribué quelques jours plus tôt.

 

Un parent d'élève, bien (dé)gradé militaire sur la place, s'indigne : "apprenons à faire l'amour" ne fait partie ni de l'enseignement militaire ni de l'enseignement tout court. Il porte plainte pour "outrage aux bonnes moeurs". Le procureur de la République, en place depuis 2 ans, membre de l'organisation intégriste des silencieux de l’Eglise et aussi du Rotary, lui prête une oreille fort attentive. « Dieu et Patrie» est sa devise, c'est pour dire. Il va aller va vite, notre procureur. En agissant dans le cadre de la procédure de flagrant délit, il confie l’enquête aux gendarmes. Il désigne un juge et il inculpe Nicole Mercier d’« outrage aux bonnes mœurs » : un mois à deux ans d’emprisonnement et une amende, voilà ce qu'elle risque.

 

Nous sommes en 1972, j'avais alors à peine 10 ans. Moi, j'étais juste scolarisée dans une école primaire dans cette bonne petite ville.


Je m'en souviens bien de "l'affaire Mercier" même si les subtilités m'avaient alors échapées. L'histoire se relit par exemple dans un article du Nouvel Obs , là : http://tempsreel.nouvelobs.com/opinions/00034329.EDI0001/le-sexe-au-lycee.html 

 

Il faut juste savoir, que cette jeune femme a bénéficié d'un non-lieu ... pour absence d'éléments dans le dossier, ce qui ne l'empêchera pas de recevoir 1 an plus tard, un avertissement de la part du Ministère de l'éducation nationale qui considérait qu'elle avait commis une faute grave sur le plan pédagogique.

 

L'affaire Mercier est à l'origine de la prise en compte de la nécessité de produire dans le cadre de l'institution scolaire une éducation à la sexualité (circulaire Fontanet de juillet 1973).

Je me demande aujourd'hui, ce que doit penser Madame Mercier de toutes ces gesticulations autour de la loi sur la famille, qu'elles viennent de Ludvine de la Rochère et ses cher(e)s ami(e)s ou de gouvernement ...

 



05/02/2014
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